Karine Ledoyen est une particule singulière dans l’univers de la danse contemporaine. Lumineuse, elle plonge, elle cible et elle ose, entraînant dans son sillage tous ceux qui croisent sa trajectoire artistique.
Josianne Desloges, Le Soleil, janvier 2011
Biographie
Chorégraphe et danseuse formée à Québec, Karine Ledoyen débute sa carrière en France. De retour dans la Capitale, elle initie en 2002 le concept Osez!, qui fera sa marque au Québec et à l’étranger. Elle fonde la compagnie Danse K par K en 2005, élabore des spectacles où s’en dégage une énergie fougueuse et une quête du dévoilement de la fragilité humaine sous toutes ses formes. Progressivement à travers les années elle intègre à sa démarche artistique un savoir-faire numérique et s’entoure de collaborateurs et collaboratrices d’horizons variés. Plusieurs spectacles en salle sont créés: Cibler, Air, La Nobody, Trois paysages, Danse de garçons, Danse de nuit, Danse de salon, De la glorieuse fragilité.
En période pandémique, elle élabore Osez! en solo, une série de performances dansées à l’extérieur pour un spectateur à la fois. Puis, dans la foulée, les Solos prêts-à-porter, vidéos filmées et projetées dans les mains des passants. Elle s’associe au réalisateur Eliot Laprise pour développer ses 10 premiers courts-métrages.
En parallèle à sa carrière, Ledoyen réfléchit à sa pratique artistique dans le cadre d’une maîtrise à l’Université Laval.
Contexte de la danse contemporaine à Québec dans les années 2000
En 1996, La Rotonde – Centre chorégraphique contemporain de Québec est créée par le directeur de la compagnie Danse Partout, Luc Tremblay au sein du Groupe Danse Partout Inc. qui comprends également la Compagnie Danse Partout et L’École de danse de Québec. En 1997, la Compagnie Danse-Partout est dissolue laissant place au diffuseur La Rotonde mais sans aucune compagnie de danse à Québec. La plupart des artistes de la danse quittent pour Montréal. En 1999, Harold Rhéaume arrive à Québec pour s’installer avec sa compagnie Le Fils d’Adrien danse.
Au même moment, Karine Ledoyen vient d’obtenir son diplôme de L’École de danse de Québec et quitte pour la Belgique et puis la France. Elle reviendra à Québec en 2001. À son retour, elle débute un travail comme interprète pour le chorégraphe Harold Rhéaume. En parallèle, Karine est encouragée à créer son premier solo Laque, diffusé à La Rotonde en 2001. Dès l’année suivante, elle met en place le projet Osez ! à Saint-Jean-Port-Joli afin d’offrir un espace de création et de diffusion accessible à peu de frais. Avec ce projet, elle vient répondre aux besoins urgents des jeunes artistes de la danse de Québec de l’époque soit de danser et de créer, tout en démocratisant la danse contemporaine à un large public. Le projet obtient un succès et il sera déployé pour neuf étés consécutifs. En 2003, Karine participe avec huit autres danseuses de Québec à la mise en place de l’organisme de service L’Artère. En parallèle à sa carrière d’interprète, Karine poursuit ses créations dont Julio et Romette (2005) qui est remarqué des critiques et du public. C’est sous cet élan des multiples projets foisonnants que la chorégraphe âgée de 27 ans va créer la compagnie Danse K par K en 2005.
« C’était l’instinct de survie qui m’a fait mettre en place une compagnie qui, je souhaitais, allait me permettre de vivre de mon métier en restant à Québec. C’était mon objectif professionnel et mon défi personnel : Créer, danser et vivre de la danse en étant basée à Québec. À cette époque, souvent on me disait : « pourquoi tu restes à Québec? Il n’y a rien pour la danse… » Et j’étais heureuse de répondre que justement toute la place était libre pour rêver, créer et inventer la danse. C’était une période où tout était à construire avec très peu de moyens et de ressources mais j’y croyais et je l’ai fait. » KL